Bulletin Quotidien - Date de parution : 05/03/2025
"Je ne me suis pas mis dans une disposition d'esprit de me présenter à une primaire", a fait savoir hier sur France Inter l'ancien Premier ministre Edouard PHILIPPE, maire du Havre, président de Horizons et candidat déclaré à la présidentielle.
La primaire, évoquée par le maire (LR) de Cannes et président de l'AMF David LISNARD, président de Nouvelle énergie, ou le garde des Sceaux Gérald DARMANIN, à la tête de Populaires, "c'est un truc qui va de LR jusqu'à Renaissance, c'est un espace politique assez large", où "personne ne se parle" et où "on n'a pas été foutus de se mettre d'accord sur un contrat de gouvernement", a-t-il constaté. Depuis que M. François BAYROU est Premier ministre, "il n'y a pas de réunion", a précisé M. PHILIPPE en déduisant que "ces forces politiques ne se parlent pas collectivement". Par ailleurs, "dans les grandes périodes de désordre, il faut revenir à l'essentiel. L'élection présidentielle, ce n'est pas le moment où les partis vont se parler pour bidouiller un truc. L'élection présidentielle en France, c'est l'expression la plus claire possible par quelqu'un d'un projet pour les Français. Et c'est les Français qui choisissent", a-t-il affirmé.
Première journée d'action programmatique consacrée à l'autorité
M. Edouard PHILIPPE a ajouté qu'il présenterait son programme pour la présidentielle "après les municipales" de mars 2026. Pour nourrir celui-ci, le parti Horizons a lancé hier la première de ses journées d'action programmatiques. Intitulée "réhabiliter l'autorité" et déclinée en trois tables-rondes sur "l'autorité régalienne : sécurité et justice", "les figures d'autorité du quotidien : l'enseignant, l'élu, les parents", et "l'autorité en matière migratoire", elle a réuni les secrétaires nationaux chargés de la Sécurité Xavier ALBERTINI, député de la Marne, de la Justice Naïma MOUTCHOU, députée du Val-d'Oise, de l'Education Florence BERTHOUT, maire du Ve arrondissement de Paris, de la Décentralisation Alain CHRETIEN, maire de Vesoul, et de l'Immigration Philippe PRADAL, conseiller municipal de Nice et vice-président délégué de la Métropole Nice Côte d'Azur ainsi que, au titre des "grands témoins", la magistrate Béatrice BRUGERE, première vice-procureure de la République près le Tribunal judiciaire de Paris, secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats FO et ancienne membre du Conseil économique, social et environnemental, la maire de Romans-sur-Isère Marie-Hélène THORAVAL et le représentant spécial sur l'immigration du ministère de l'Intérieur Patrick STEFANINI, conseiller d'Etat honoraire. L'animation était assurée par Mme Philippine RAY, ancienne conseillère législative du groupe Horizons à la commission des Lois de l'Assemblée nationale, et M. Clément TONON, maître des requêtes au Conseil d'Etat, coordinateur du pôle idées d'Horizons, trésorier de l'Association nationale de financement d'Horizons, délégué départemental du parti en Dordogne, conseiller municipal des Eyzies, ancien conseiller spécial de M. Christophe BECHU au ministère de la Transition écologique.
M. Clément TONON, chargé de coordonner le programme de M. PHILIPPE, publie "Gouverner l'avenir. Retrouver le sens du temps long en politique"
Ce dernier publie demain chez Tallandier un essai ("Gouverner l'avenir. Retrouver le sens du temps long en politique") dans lequel il plaide pour un retour à la planification de l'action publique et propose un "libéralisme écologique".
En premier lieu, il s'agit de sortir "dictature de l'immédiateté" provoquée, selon lui, par le "grand déboussolement" que traverse l'époque, soit "la faillite ou l'obsolescence des outils et des repères intellectuels traditionnels qui permettent de s'orienter en politique". Celle-ci "se manifeste au premier chef par une crise de la maîtrise du temps, dans ses trois dimensions : passé, présent et futur", entre "accélération du présent, sous l'effet de la succession des crises, de la folle mécanique médiatique et de l'omniprésence des réseaux sociaux", "inquiétant rétrécissement de l'avenir" et "amnésie collective qui dissout la possibilité même de la Nation". "L'éducation est au ceur de cette bataille" car "il n'y a pas de cause plus décisive pour l'avenir du pays que de réconcilier sa jeunesse avec son histoire et de surmonter une crise de la transmission qui n'est, comme toujours, que le reflet d'une profonde crise de société", souligne à cet égard M. TONON, en écho au premier chapitre du dernier ouvrage de M. PHILIPPE, consacré à l'école. En la matière, il prône l'autonomie pédagogique, financière et administrative de tous les établissements scolaires.
M. Clément TONON, qui assume ici une réflexion personnelle distincte de l'élaboration du projet présidentiel de M. Edouard PHILIPPE, avance d'autres propositions en matière de réforme des institutions, de transformation de l'Etat, d'ambition écologique, de stratégie internationale et de recomposition des clivages politiques. Notamment, il plaide pour l'instauration du septennat unique, la mise en place d'un budget de législature et la fin de la session unique ; la création d'un "Commissariat à la simulation et à l'évaluation numériques des politiques publiques", outil de simulation et d'évaluation par l'IA de toutes les politiques publiques sur le modèle du "jumeau numérique de l'Etat" lancé par M. BECHU pour simuler les effets du dérèglement climatique ; la création d'un ministère de l'Economie et du Climat, qui permettrait de concilier réindustrialisation et dette écologique avec, et d'un ministère de la Résilience climatique, chargé de la gestion des crises, la mise en place d'une comptabilité nationale écologique et d'une priorisation des politiques publiques en fonction de leur rentabilité environnementale, ainsi que le respect du principe de la "conditionnalité" comme principe d'investissement dans les stratégies politiques industrielles de la part de l'Etat.