M. Marc PERRIN DE BRICHAMBAUT

M. Marc PERRIN de BRICHAMBAUT, conseiller d'Etat honoraire, ancien juge à la Cour pénale internationale (CPI), ancien secrétaire général de l'OSCE, ancien directeur des affaires stratégiques au ministère de la Défense, ancien directeur des affaires juridiques du Quai d'Orsay, ancien directeur de cabinet de Roland DUMAS au Quai d'Orsay, ancien conseiller diplomatique de M. Jean-Pierre CHEVENEMENT au ministère de la Défense, s'est vu confier la présidence du Club des Vingt.

Il succède à M. Dominique DAVID, rédacteur en chef du trimestriel "Politique étrangère", conseiller du président de l'Institut français des relations internationales (Ifri), codirecteur du Ramses, professeur aux universités de Paris-I et de Marne-la-Vallée.

Rappelons que créé en 2014, le Club des Vingt, qui réunit des anciens ministres des Affaires étrangères, anciens diplomates et anciens officiers généraux, a pour but d'analyser la situation internationale en vue de l'émission d'avis et d'indications.

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M. PERRIN de BRICHAMBAUT a publié dans une contribution intitulée "De la guerre prolongée dans l'ère du déclin de l'"empire" américain", ses propositions pour l'Union européenne face à M. Donald TRUMP.

Nous en publions ici quelques extraits.

"Depuis plus d'un demi-siècle, les Européens ont pu édifier pierre après pierre les institutions d'une Union Européenne complémentaire de leurs Etats dans le cadre d'un ordre international libéral ouvert, nourri de règles de droit, adossé et garanti par la puissance des Etats-Unis. Le deuxième mandat de Donald TRUMP vient de leur révéler, en quelques semaines, l'avènement de temps nouveaux. Les Etats-Unis, toujours aussi puissants, privilégient désormais une conception étroite et transactionnelle de leurs intérêts et entendent poursuivre une politique imprévisible d'inspiration impériale, tout en imposant leurs vues à ceux qui se perçoivent comme leurs alliés. L'Amérique affirme, seule, sa puissance et prend ses distances à l'égard de ses partenaires privilégiés qui constituaient son "Empire". Les Européens et leur Union sont projetés dans une situation de conflit prolongé où ils doivent protéger leurs intérêts menacés par les politiques de trois empires dotés d'ambitions hégémoniques, la Chine, la Russie et les Etats-Unis, et garantir leur capacité d'agir par eux-mêmes dans un monde déstabilisé.

Quels sont les choix qui s'offrent aux Européens pour mobiliser leurs atouts et répondre au mieux aux menaces ? Confrontés à des défis nouveaux, ils ont souvent eu recours, pour renforcer les compétences et les moyens des institutions communes, à la négociation de traités qui ouvraient la voie à des politiques communes. L'urgence et la gravité de l'heure excluent cette voie. Des solutions pragmatiques tirant au mieux parti des institutions existantes s'imposent. Elles pourraient s'articuler autour de quatre axes" : être capable de réagir rapidement, de façon concertée, aux initiatives touchant l'Europe, ses valeurs et ses intérêts (cela suppose que les organes de l'Union, Commission, Conseil et SEAE, Parlement Européen délibèrent et agissent en étroite concertation entre eux pour proposer aux Etats membres des options concrètes et crédibles) ; définir à l'avance la gamme des ajustements possibles aux politiques communes ou nationales dans les domaines où des remises en cause des normes et des pratiques existantes par l'administration TRUMP et (ou) les GAFAAM sont probables ; prendre l'initiative pour créer des alternatives et contrefeux avant d'être mis en cause par Washington ; avoir recours à des solutions souples, compatibles avec les traités, pour engager l'Union avec efficacité là où elle est amenée à intervenir (cela pourrait permettre de circonvenir, quand cela sera nécessaire, les réticences de certains Etats membres).

"Après une année de transition dans les institutions de l'Union et plusieurs élections importantes parmi les Etats membres, le moment est venu pour les Européens de se mettre en ordre de bataille. Les disruptions provoquées par l'administration Trump affectent l'Europe sans égards et sans pitié. Avec une présidence Polonaise de qualité, elle peut parer les coups et reprendre la main pour préserver ce qui peut l'être des institutions multilatérales et des valeurs auxquelles elle est attachée. Elle pourra s'appuyer sur des coalitions de volontaires pour mitiger les effets de la crise de l'"Empire" américain et défendre les intérêts de ses citoyens".