Bulletin Quotidien - Date de parution : 01/04/2025
Il a beau avoir quitté le PS depuis bientôt trois ans pour protester contre l'accord passé avec La France insoumise de M. Jean-Luc MELENCHON dans le cadre de la Nupes, l'ancien Premier ministre Bernard CAZENEUVE considère toujours que "la gauche est (sa) famille politique" et continue d'espérer "que le rassemblement puisse se faire autour d'elle" en 2027.
Pour preuve : "J'ai déjà dit à Raphaël GLUCKSMANN que j'étais prêt à fusionner le mouvement que j'ai lancé en 2023, La Convention, avec le sien, Place publique", a-t-il confié à la revue "L'Hémicycle". Pressenti pour un retour à Matignon l'été dernier, le dernier Premier ministre du quinquennat de M. François HOLLANDE se dit même disposé à se ranger derrière un autre candidat social-démocrate en 2027. "Je ne revendique aucun leadership et je ne saborderai pas des initiatives pertinentes au motif qu'elles ne seraient pas rangées derrière moi", assure-t-il, alors que de nombreuses voix à gauche appellent au rassemblement de la gauche sociale-démocrate, notamment au sein du PS.
Autre gage d'ouverture, M. CAZENEUVE admet un revirement sur la question du scrutin proportionnel. "J'(y) ai toujours été défavorable, mais je pense qu'il faut désormais le mettre en euvre, pour des raisons qui tiennent aux circonstances", afin de "permettre transitoirement une représentation plus équilibrée des sensibilités en présence et, surtout, le rassemblement des forces de gouvernement pour endiguer le danger populiste", explique-t-il.
En revanche, il se refuse de se joindre aux appels à la censure qui fleurissent à gauche. Car même s'il estime que le gouvernement de M. François BAYROU "ne tient qu'à un fil", son lointain prédécesseur juge "souhaitable qu'il puisse tenir jusqu'à l'élection présidentielle, pour éviter que la crise politique ne vire à la crise de régime". M. CAZENEUVE considère en effet que le "chaos institutionnel" qu'engendrerait un nouveau renversement de gouvernement "ne profiterait qu'à Jean-Luc MELENCHON et à Marine LE PEN".
M. JOSPIN appelle les socialistes à ne pas agiter maintenant la menace d'une censure
Un avis partagé par son prédécesseur Lionel JOSPIN, pour qui il serait "absurde" que le PS agite la menace d'une motion de censure alors qu'il n'est pas aujourd'hui en mesure "d'offrir une alternative". "Les Français n'attendent pas des socialistes qu'ils renversent le gouvernement, mais qu'ils avancent des propositions sérieuses et un projet de société crédible", a commenté l'ancien Premier secrétaire du PS dans un entretien au "Monde". "Au vu de la gravité de la situation nationale et internationale, il serait irresponsable de priver la France de gouvernement, puisque la gauche n'est pas maintenant en mesure d'offrir une alternative", ajoute M. JOSPIN qui avait déjà appelé début février à ne pas faire tomber le gouvernement de M. BAYROU sur le budget. "Nous n'avons pas à précipiter les échéances, au risque de faire le jeu de LFI ou du RN", insiste-t-il.
De fait, alors que Mme Marine LE PEN caracole pour l'heure en tête des intentions de vote pour le premier tour de l'élection présidentielle de 2027, l'ancien Premier ministre estime que "la vague trumpiste" pourrait faire "trébucher" le Rassemblement national. "Depuis l'avènement de Donald TRUMP, le RN est embarrassé. D'un côté, ses dirigeants sont séduits par ce courant nouveau, inattendu, dont ils aimeraient se nourrir. De l'autre, ils savent bien que la personnalité de Donald TRUMP choque les Français", développe-t-il, dans un constat dressé avant que ne soit connu le verdict d'inéligibilité avec exécution provisoire prononcé par le tribunal correctionnel à l'encontre de Mme Marine LE PEN dans l'affaire des assistants parlementaires européens du parti (cf. supra). S'il estime que "la dérive autoritaire" du président des Etats-Unis est "évidente", M. JOSPIN dit croire aussi à "la lucidité du peuple américain", qui pourrait s'exprimer dès les prochaines élections de mi-mandat, en 2026.