A l'occasion de l'assemblée générale du 17 avril 2025, le conseil d'administration de LVMH a décidé de soumettre au vote des actionnaires du groupe de luxe une résolution visant à modifier les statuts afin d'"harmoniser les limites d'âge du président du conseil d'administration et du directeur général pour les porter à quatre-vingt-cinq ans". M. Bernard ARNAULT, membre de l'Institut, gérant commandité d'Agache, président du conseil d'administration de Christian Dior SE, président-directeur général de LVMH, aura 85 ans en mars 2034. Or, les statuts prévoient par ailleurs, aussi bien pour le président que le directeur général, que chacun est "réputé démissionnaire d'office à l'issue de l'assemblée générale ordinaire statuant sur les comptes de l'exercice au cours duquel (la limite d'âge) a été atteinte". M. ARNAULT, qui a fêté ses 76 ans la semaine dernière, pourrait donc rester président du conseil d'administration et directeur général de son groupe jusqu'à l'issue de l'assemblée générale de 2035, statuant sur les comptes de l'exercice 2034 au cours duquel il aura eu 85 ans. Ainsi, si l'assemblée générale du groupe LVMH se tient toujours en avril cette année-là, M. ARNAULT, qui est né 5 mars 1949, pourrait hypothétiquement rester président-directeur général de LVMH jusqu'à 86 ans.

Une autre résolution, qui sera également soumise à l'approbation des actionnaires du premier groupe de luxe dans le monde, prévoit d'ores et déjà de renouveler le mandat d'administrateur de M. ARNAULT pour une durée de trois ans, soit jusqu'à l'issue de l'assemblée générale de 2028.

Pour rappel, l'âge limite du directeur général de LVMH avait déjà été repoussé de 75 ans à 80 ans il y a trois ans, permettant alors à son dirigeant de prolonger ses fonctions jusqu'à l'assemblée générale de 2030 (cf. CE des 17/03 et 22/04/2022). A l'époque, il n'avait pas été proposé de changer la limite d'âge du président qui, selon les statuts actuels, est restée fixée à 75 ans. Ainsi, ayant atteint cette limite d'âge l'année dernière, M. ARNAULT aurait dû quitter la présidence du conseil d'administration de LVMH le 17 avril prochain sans cette modification des statuts de dernière minute.

Le fait de repousser son départ de la direction opérationnelle de son groupe donne le sentiment que M. ARNAULT souhaite rester aux commandes le plus tard possible et laisse planer un doute sur ses intentions concernant sa succession et les rôles qu'il souhaite donner à jouer à ses cinq enfants dans cette étape de la gouvernance de LVMH. Depuis le 1er février 2025, le troisième de ses enfants, M. Alexandre ARNAULT, a été promu en tant que directeur général délégué ("deputy CEO") de la division Vins et spiritueux, la plus petite du groupe en termes de chiffre d'affaires (5,86 milliards d'euros en 2024) mais une des plus emblématiques avec notamment les maisons de champagne Moët & Chandon et Hennessy (cf. CE du 15/11/2024). Ce dernier, qui était jusqu'alors directeur exécutif Produits, communication et industriel de la maison de joaillerie américaine Tiffany, n'a cependant pas intégré le comité exécutif de LVMH, où seule siège sa grande seur Delphine ARNAULT. Cette dernière a également pris davantage de responsabilités il y a deux ans en devenant présidente-directrice générale de Christian Dior Couture (cf. CE du 12/01/2023), la deuxième maison de la division Mode & Maroquinerie, la plus importante du groupe en termes de chiffre d'affaires. M. Antoine ARNAULT, le fils aîné, est quant à lui directeur général et vice-président du conseil d'administration de la holding Christian Dior SE, directeur Image & Environnement du groupe LVMH et président de Berluti et de Loro Piana. Les frères cadets Fréderic et Jean sont respectivement président-directeur général des Montres au sein de la division Montres et Joaillerie et directeur du marketing et du développement des montres pour la maison Louis Vuitton. Jean, le benjamin, est par ailleurs le seul membre de la fratrie à ne pas être membre du conseil d'administration de LVMH.

La croissance exponentielle du groupe LVMH a marqué le pas en 2024 : son bénéfice net a chuté de 17 % à 12,55 milliards d'euros et ses ventes se sont stabilisées à 84,7 milliards d'euros (-2 %) (cf. CE du 29/01/2025).